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07/01/2011

Géotripotages : les Indes

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Passons maintenant au plus facile : le sous-continent indien présente une unité de lieu, de climat et de végétation presque uniques, la peinture va être vite faite ! Même les Britanniques, grands découpailleurs devant l'éternel, avaient rechigné en partant à donner de grands coups de ciseau dans cette masse humaine comme ils en avaient coutume. Et pourtant, à y regarder de plus près...

Eh bien oui, il y a bien deux pays, et peut-être même quatre ou cinq. Le plus spectaculaire est le Gangabharat : fils de mousson, il reçoit à lui seul une part appréciable de la pluie de toute la planète. Même si l'est du pays est bien plus arrosé que l'ouest, où ce pays se termine par le désert du Thar, on est dans une quasi-dépression idéale pour accueillir les grands fleuves tombés de l'Himalaya.

India2.jpg

Plus au sud, le plateau du Dekkan donne lieu à un deuxième pays : bouclier volcanique résiduel d'une éruption qui a peut-être mis fin au règne des dinosaures, Il connaît une pluviométrie ordinaire comparée à son voisin. A quelques pas de l'équateur, le Sri Lanka cher à Arthur C. Clarke présente lui aussi une unité de lieu et de climat.

Pour être (un peu trop) puriste, il faut enfin séparer le Bangla Desh, pays dont la précarité météorologique m'étonne toujours. Au total on retrouve quasiment les frontières du couple Inde-Pakistan actuel, manifestant pour une fois la validité de ce genre d'étude de coin de comptoir, et rappelant que la nature ne se préoccupe pas de religion.

 

 

 

 

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Vous me connaissez, je ne triche jamais, et il est facile de démontrer que la partition proposée ci-dessus s'appuie exclusivement sur la carte satellite. Alors ne nous privons pas d'un petit plaisir : la carte de l'empire Gupta (ci-contre), qui a connu une période florissante dans les années 300 à 600 de notre ère,  qui n'a pas hésité à me copier par anticipation. C'est dingue, non ? 

 

 

 

NB : les idées à la base de la création de cette carte sont développées dans la page Géotripotages

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06/01/2011

Géotripotages : Eurasie boréale

Attaquons-nous au plus dur, le reste sera facile. La partie septentrionale de l'Eurasie affiche aujourd'hui une santé du tonnerre ; cette zone boisée qui s'étend à perte de vue est un défi au découpage, et l'histoire garde la mémoire des hommes qui la traversèrent, bien plus que de ceux qui s'y installèrent. Un cavalier que l'on y pose au hasard peut cheminer 30 jours dans un sens, 30 jours dans l'autre, sans que rien dans le paysage ne lui suggère qu'il a changé d'endroit - un défi à la notion de propriété foncière ! Et pourtant je n'hésite pas à couper ce monstre en quatre.

BorealEurasiaESA.jpg

 La Russie (Rossia) est clairement au contact de l'Europe ; elle est juste le début de la monumentale forêt qui ne s'arrêtera que 10 000 km plus loin, elle est le contact étrange et inquiétant dont l'Europe dispose vis-à-vis de ces espaces immenses. En tant que pays soutenable, elle est le foyer idéal pour les conquêtes vers l'est. Toute sa vie, elle aura un oeil vers l'ouest et une main vers l'est. En cas d'invasion, elle a une quantité de portes de sortie. Toute personne voulant s'emparer de cette zone, qu'elle s'appelle Charles XII, Napoléon ou Hitler, n'a que des soucis à se faire.

BorealEurasia4.jpg

La Sibérie (Siberia) a déjà moins de soucis : protégée des (irréalisables) ambitions de potentats européens et influences asiatiques par des distances extrêmes,  elle n'a qu'un problème : pas de centre focal. C'est bien d'être en banlieue lointaine, car on y est au calme, mais alors pour les distractions... Je suis certain que Yekaterinburg est une très jolie ville, mais de là à en faire une capitale... C'était quand la dernière fois que vous en avez entendu parler ?

Diamondia, pour la plupart d'entre nous, pourrait bien être sur une autre planète. Ecrasée par 5 mois d'hiver où la température atteint couramment -30°C, éloignée de tout et reliée à rien, on la croirait condamnée à l'inexistence. D'un autre côté... Peut-on vraiment mépriser une zone qui propose la plus grande quantité de diamants dans le monde ? Et s'il y a tant de diamant, n'y-a-t-il pas autre chose aussi ? Diamondia est peut-être le plus grand réservoir de surprises disponible.

Le pays des Tchoutches (Tchoutka) est plus désespéré encore : non seulement il y fera bientôt plus froid qu'au pôle nord, mais il est montagneux... Mais regardons la géopolitique en face : il est près du Japon, de la Chine, du futur océan arctique libre à la navigation, de l'Alaska....

Arctica, soyons clair, n'existe pas au sens humain. Mais bientôt... quand les lourds brise-glaces russes ne trouveront plus de glaces devant eux, quand le pergélisol immémorial se délitera pour laisser lentement place à des plaines immenses et bientôt tempérées, quand les ports s'y multiplieront pour exploiter les richesses boréales, Arctica nous rappellera qu'elle est le domaine immobilier le plus prometteur et le moins cher de la planète. 

NB : les idées à la base de la création de cette carte sont développées dans la page Géotripotages.

 

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05/01/2011

Géotripotages : Géopolitique des frontières

world.jpgL'ESA vient de nous gratifier pour Noël d'une magnifique carte, obtenue par addition de milliers de photos satellite, décrivant l'occupation des sols selon la classification de la FAO, essentiellement basée sur le type (ou absence) de végétation rencontrée sur la planète. Il est tentant de se souvenir que les humains, avant d'artificialiser leur environnement à l'issue de la révolution agraire, autrefois s'y adaptaient, et l'on pouvait suivre homo sapiens à la trace comme d'autres suivent les migrations de chenilles. Un simple regard à cette carte laisse entrevoir des régions, des pays, des relations, et il est tentant de se demander quelles seraient les frontières de nos pays si elles devaient respecter les biotopes. Le XIXe siècle a accouché d'un ensemble de frontières tout-à-fait criticables, peu en rapport avec cette vision un peu simpliste ; les frontières actuelles, cent fois modifiées en Europe, ou jetées au hasard dans d'autres pays, et parfois même tracées à dessein en contradiction avec l'unité des cultures locales, ne respectent aucun schéma logique.

Ralph_Peters_solution_to_Mideast.jpgVous connaissez mon goût pour la géopolitique, alors pourquoi ne pas se prendre pour Sir Mortimer Durand, et dessiner nous-mêmes les limites des états, en suivant les contours de cette carte que tous les monarques de la Renaissance nous auraient payée une fortune ? Evidemment, ces contours représentent plus le potentiel initial dévolu à chaque paire biotope / culture humaine : ensuite, il y a forcément un peu de dynamique associée, mais c'est un début :).

L'exercice est amusant, chacun peut s'y prêter, et il est sans danger pour quiconque. Les services des divers ministères des Affaires Etrangères s'y prêtent sans cesse, pour preuve cette carte (ci-contre) qui circulait sur internet, montrant comment certains Américains pensaient partitionnner le Moyen-Orient pour le rendre plus malléable. Petite note au passage, le nouveau pays intitulé "Arab Shia State" contient 70 % du pétrole du M-E, qui lui-même contient 60 % du pétrole mondial connu : cette carte pourtant récente (2006) sent son XIXe siècle à plein nez, et révèle plus les obsessions que la compétence de son auteur. Les méthodes restent les mêmes : diviser les états trop puissants en petits morceaux, qui chacun se trouvera trop faible pour tenir tête à la puissance régnante, aujourd'hui les USA.

Europe_map_1648.PNGLes traités de Westphalie (carte ci-contre) sont en 1648 déjà modernes : ils préfigurent l'obsession française pour la centralisation, l'obsession germanique pour la décentralisation, la difficulté italienne à trouver sa voie, l'incapacité britannique à intégrer ses voisins... les racines du futur sont dans le présent, et le présent est fait de multiples passés. Tentons également de mettre en évidence les relations entre culture et biotope. Quand un habitant a la chance de se trouver sur un territoire riche de ressources, il va vraisemblablement chercher 1) à le conserver, et 2) à le développer : et voilà une culture sédentaire. Si au contraire notre homo sapiens est confronté à un environnement pauvre, il sera contraint de bouger à chaque fois que lui et ses bêtes auront épuisé la région où ils se trouvent, et nous avons une culture nomade. Hélas pour celle-ci, les frontières sont tracées par les sédentaires, et les notes qui suivent oublient les chasseurs-cueilleurs, les éleveurs poussant éternellement leurs bêtes devant eux, et les conquérants aussi vite repartis qu'arrivés : les conquérants font l'histoire, les paysans l'écrivent. L'exercice est libre, tant les pays créés au cours des siècles ont parfois eu des géométries dignes de Buffet ; quand j'étais petit, j'ai ri en découvrant le dessin du Chili, mais nous verrons que ce pays est loin d'être le plus mal dessiné. Aiguisez vos critiques :).

Géotripotages la série :

Eurasie boréale : de la Russie Blanche à Vladivostok.

Les Indes.

L'Asie : Chine et Asie du sud. Oasistan : l'Asie Centrale. Extrême-Orient.

Australasie.

Europe.

Amérique du Nord, Amérique du sud.

Afrique.

Moyen-Orient.

Géotripotages : la bande originale.

 

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