14/01/2011
Géotripotages : Oasistan
Le coeur de l'Eurasie, que nous appelons Asie Centrale pour bien souligner à quel point ce territoire nous est obscur, est un carrefour éloigné de tout. C'est ici que les caravanes se croisent, se relaient, se ravitaillent et repartent, permettant à Pékin et à Rome de s'ignorer alors qu'ils étaient fournisseur et client, pendant des siècles. C'est par là aussi que passent les invasions, les épidémies et les religions. C'est là qu'Alexandre s'est arrêté, peut-être faute de défi tangible devant cette steppe sans fin qui s'ouvrait soudain devant lui. Ici point de plaines riantes ou de forêts impénétrables, c'est la poussière qui sépare les oasis - et au-delà de la poussière, on ne distingue que les montagnes de l'Altaï, bien plus hautes et froides que ce que tout Européen peut concevoir.
Ici il n'y a pas de touristes, il y a des caravanes ; il n'y a pas d'hôtels, il y a des caravansérails, où les montures sont mieux traitées que les hommes. Des oasis il y en a beaucoup ; mais si chacune peut rendre riche une poignée d'humains, une somme d'oasis n'a jamais fait un pays défendable - qu'importe, il y a là une cohérence territoriale forte, même s'il est difficile d'associer une culture donnée à un endroit de passage. Et quelles oasis : Samarcande, Boukara, Tashkent : toutes ces splendeurs donnent de l'unité à une nation. La photo ci-contre, prise à la frontière entre la Perse et Oasistan, montre la différence de biotope entre les montagnes que l'on quitte et l'immense dépression semi-aride où rien n'arrête le regard.
Oasistan annexe une partie du Turkestan, de l'Ouzbekistan, du Kazakhstan, du Kirgizistan, du Tadjikistan, et remplit parfaitement son office de lieu de rencontre : au contact de la Chine, à deux pas des Indes, tourné vers la Russie, il n'ignore personne, si ce n'est l'Europe. Et ce n'est pas près de changer, car Oasistan, que j'aurais pu appeler "Gazistan" tellement les hydrocarbures y sont présents, est attiré dans l'orbite de la Chine, trou noir économique et bientôt politique, qui s'empare calmement de tout ce qui s'approche. A son ouest se trouve Ukraïna, qui a toujours autant de mal à exister politiquement, et contribue à faire écran sur le chemin de l'Europe. La seule instabilité politique vient de son sud, où les conséquences de la Révolution Iranienne n'en finissent pas se faire sentir. Oasistan n'a pas souvent vécu dans la paix, mais a souvent prospéré ; ce pays n'a besoin que d'un logisticien de génie pour s'élever à la hauteur de ses voisins.
NB : les idées à la base de la création de cette carte sont développées dans la page Géotripotages
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13/01/2011
Géotripotages : Amérique du sud
L'Amérique du sud, elle aussi, a été peuplée tardivement en un flash d'histoire. Pourtant, des bandes rivales ont rapidement créé des pays différents, essentiellement pour des raisons mercantiles, et face à une quasi absence d'opposition locale, contrairement à ce qui se passait au nord. Progresser dans cette région du monde est un défi jusques et y compris avec les moyens matériels du XXe siècle : une troupe aguerrie y progresse de 800 mètres en une heure, les animaux dangereux sont légion, les distances terrestres sont bien plus élevées qu'en Europe. Pourtant cet immense territoire recèle une myriade de richesses - non pas l'or de l'El Dorado, mais quasiment tout le reste : le Chili moderne a commencé sa carrière comme fournisseur quasi exclusif de guano aux armées européennes, il continue aujourd'hui comme un énorme producteur de cuivre, et il sera demain le seul fournisseur d'atmosphère assez propre pour regarder les étoiles. Chaque région est riche : il ne reste plus qu'à tracer des traits !
L'Amazonie, à qui j'ai rendu son vieux nom hispanisant de Mato Grosso, se repère instantanément sur les photos satellite. A son côté se trouve le Nordeste, qui a fait une OPA sur ce qui reste du Brésil. Au centre du pays, les Guaranis subsistent très bien sans ouverture vers la mer. Au sud-ouest, c'est un pays étrange que celui des Andes - mais pas plus étrange que ne l'est l'actuel Chili. Celui-ci est un pays mineur : maintenant qu'il n'y a plus de guano, c'est lui qui alimente la Chine en cuivre et en lithium ; ses réserves en pétrole et en gaz sont à peine explorées, un peu éloignées du centre du pays, qui en cela préfère largement le Vénézuela, vieux pays pétrolier, mais aussi la Colombie, où tout pousse. Tous ces pays sont jeunes, grands, riches de ressources ; il ne leur manque que l'expérience.
Plusieurs pays sont passés à la trappe dans cette affaire : Equateur, Pérou et Bolivie vont m'en vouloir, et je ne parle pas du Suriname ou de la Guyane dite française : ces derniers n'existent que parce que personne ne peut peupler une pareille étendue en trois générations. Quand aux trois premiers, ils sont arrivés sur la carte au dernier moment, et leur justification culturelle ou historique est délicate.
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12/01/2011
Géotripotages : Amérique du nord
Attaquons-nous maintenant à un sujet moins polémique : l'Amérique du nord est un continent très récemment peuplé, et dont les Européens se sont employés à éradiquer les populations en arrivant, ce qui simplifie la situation politique.
La géographie, ainsi que la faune et la flore de ce continent, semblent plus simples que sur le Vieux Continent : sur le côté est, à l'emplacement de la préhistorique forêt atlantique, une première zone très cohérente saute aux yeux : le territoire Cherokee, bien homogène du Maine à la Louisiane. A l'ouest, le bouclier des Rocheuses est d'une efficacité redoutable et isole le territoire Navajo, qui aura plus d'affinités avec le Pacifique qu'avec son frère atlantique.
Au centre, c'est Tasiwa, le pays du bison (Tasiwa est le bison en Comanche), qui autrefois arpentait par millions les grandes plaines du centre. Au nord de ces trois frères aux caractères bien différents, on trouve Ojibwé, qui nous rappelle la Sibérie, et l'Alaska (mot d'origine Aléoute), qui comme Diamondia est un défi au développement autonome, alors qu'il recèle nombre de richesses et de promesses. Enfin Nunavut vient coiffer le continent ; lui aussi compte déjà les péages qui'l percevra au Passage du Nord-Ouest.
J'en entends déjà s'écrier : "Triche ! C'est la Corn Belt !" "Non, c'est Tornado Alley !" etc. Les raisons sont plus simples : cette région du monde a été peuplée brutalement par des humains qui avaient peu les capacités de modifier leur environnement. Ils ont donc suivi la ligne de plus grande pente écologique (extermination des bisons mise à part) et ils se sont majoritairement adaptés aux zones écologiques. D'ailleurs, un coup d'oeil à la densité de population démontre qu'on a peuplé les zones les plus faciles, en laissant de côté les zones désertiques. Cela est d'ailleurs en train de changer, et on ne peut qu'envisager une nouvelle accumulation d'erreurs écologiques dans cette région.
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