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10/01/2015

Charlie : toutes ces morts sans justice

L'exercice de la justice ne se borne pas à régler les différends entre voisins et partenaires de notre société ; l'application de la justice est exemplaire, ses principes sont fondateurs de société, ses valeurs sont les nôtres, son bras est fort.

 

En 48 heures nous avons vu trois français forcenés assassiner dix-sept autres français, puis se jeter sous les balles des policiers qui les ont également éliminés. D'autres que moi expliquent ad nauseam les dix-sept premières morts ; considérons les trois dernières.

 

L'assassinat, contrairement au meurtre, acte prémédité, est passible de la réclusion à perpétuité. Il est clairement défini dans notre code pénal, et le prononcement d'une telle peine ne peut se faire qu'après une longue enquête et un débat public, arbitré par des citoyens. Et pourquoi donc ? Six citoyens seraient-ils soudain touchés par la grâce, et capables d'un sentiment de justice parfait, qualitativement et quantitativement ?

 

Absolument pas. L'ensemble des mécanismes de la justice vise à une chose en priorité : conserver la cohésion sociale, et si possible l'augmenter. La justesse du jugement elle-même, dans l'absolu ? Balivernes.

 

L'enquête tout d'abord, qui établit les faits et permet d'éclairer, qualitativement et quantitativement, la culpabilité du prévenu, ralentit le fonctionnement de la justice, ce qui évite les réactions immédiates sous le coup de la passion. Le débat public ensuite, qui permet à chacun d'une part de se forger une opinion éclairée, mais aussi d'écouter celle des autres, d'en découvrir l'étrangeté ou la similitude ; chacun peut alors se resituer dans son tissu social, resserrer les liens qui n'apparaissent que sous tension.

 

Le jugement enfin, qui ne sert pas en priorité à punir ou relaxer quelqu'un. Non, il sert d'abord à exprimer, de façon univoque et symbolique : voilà, ceci est mal, et nous, les citoyens, en avons jugé ainsi. Et c'est à l'occasion de chacun de ces manquements graves à l'ordre social que chacun trace une ligne de plus entre le bien et le mal, entre ce que nous voulons être et la barbarie.

 

Tout cela, la mort sans jugement de ces trois hommes nous en a privé.

 

Et pourquoi ces hommes sont-ils morts aussi vite ? Se sont-ils suicidés d'un geste pathétique ? Pas du tout. Détenaient-ils des secrets inavouables, dont l'existence même menacerait la République ? Toujours pas. Étaient-ils en position d'assassiner maints autres français si on ne les éliminait pas instantanément ? Moins encore. Tous trois sont morts alors qu'ils venaient d'abandonner leur refuge pour affronter des forces de l'ordre largement supérieures en nombre, en qualification et en matériel.

 

Ces forces de l'ordre, se sentaient-elles inférieures en nombre, ou en puissance de feu ? Non. Ont-elles réagi trop vite, sous le coup de la surprise, ou en l'absence d'ordre d'engagement clair ? Toujours pas. Non, il faut bien soupçonner que, lorsque qu'un groupe entier de nos policiers d'élite tire pour tuer, et cela sur trois assassins le même jour, c'est qu'il en a reçu l'ordre.

 

Car enfin, si seul l'un deux était mort, on aurait pu croire à de la malchance - ce genre d'opération ne se fait pas sans aléa. Si deux d'entre eux étaient morts, c'eût été de la maladresse. Mais trois sur trois éliminés, c'est une volonté délibérée du pouvoir qui en a donné l'ordre.

 

Pourquoi le pouvoir en place a-t-il souhaité priver la nation de cette chance unique de se retrouver autour de nos valeurs les plus profondes ? Pourquoi le pouvoir en place a-t-il été incapable de défendre de malheureux dessinateurs, puis de leur faire justice ? Pourquoi le pouvoir en place a-t-il piétiné les règles les plus anciennes du droit ?

 

Il est temps que les citoyens se lèvent, non plus pour aller pleurer leurs morts, mais pour agir sur les vraies causes et les vraies solutions.

 

 

12:16 Publié dans Géopolitique, Société | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : charlie hebdo, justice, société | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook |