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07/09/2011

La véritable histoire de Ben Laden : que des bonnes idées.

La véritable histoire de Bin Laden commence en 1951. La guerre froide s'échauffe tout doucement, et Mossadegh nationalise le pétrole iranien. Britanniques et américains collaborent pour faire chuter ce régime ennemi, et remettent de force le Shah au pouvoir à l'issue de l'opération Ajax : à cette époque le monde regorge de pétrole, et les Britanniques se paient le luxe de boycotter, et faire boycotter le pétrole iranien.

En 1973 le Shah annonce qu'il va mettre fin aux accords pétroliers, à la prochaine échéance de 1979. Quelle idée de défier la première puissance mondiale en lui donnant six ans de réflexion ! Malheureusement trop de réflexion nuit, et un conseiller américain recommande de lacher le Shah, et même de laisser faire une révolution islamique : les républiques islamiques soviétiques suivraient alors ce chemin et se soulèveraient contre le joug communiste... Mais quelle bonne idée ! Je n'ai pas mis la main sur le nom de ce conseiller, mais il doit avoir un fils puisqu'il existe aujourd'hui une doctrine analogue, recommandant de soutenir les Ouigours dans leur juste combat contre l'occupant Han...

Mais revenons à notre Shah : en 1979, il est effectivement laché, renversé, exilé, et c'est la révolution iranienne, qui se passe assez mal du point de vue américain, puisque le 4 novembre c'est la prise de l'ambassade américaine et le début de la crise des otages ("Souvenez-vous de Mossadegh !"). Le 12 novembre, le président Carter, copiant ses prédécesseurs, décrète un embargo sur le pétrole iranien. Quelle riche idée ! En 25 ans, les Etats-Unis sont devenus largement déficitaires en pétrole, et cet embargo provoque... des ruptures d'approvisionnement quasi-immédiates aux USA.

Passons sur la désastreuse affaire des hélicos perdus dans le désert (encore un brillant conseiller militaire dont l'histoire n'a pas retenu le nom), et arrivons-en à septembre 1980, où les ennuis sont si grands que l'on paye Saddam Hussein pour envahir l'Iran, ce qui est fait. On imagine l'appréciation des imams Iraniens, pour le cas où ils auraient eu des difficultés à convaincre leur peuple que les USA sont le Grand Satan : quelle charmante idée... En 1988, l'Iraq exsangue et ruiné cesse les hostilités, et vient mendier un peu d'argent auprès de ses "amis" américains. Mais les Américains refusent : l'Union Soviétique est en train d'imploser, et ils ne se sentent plus de joie - ils sont plus que jamais la plus grande puissance mondiale. Saddam Hussein envahit le Koweit : pas génial comme idée, en réalité les USA n'attendaient que cela pour retrouver un nouveau "deuxième pied" au Moyen-Orient, la perte de l'Iran étant consommée. Bush l'ancien saute sur cette merveilleuse occasion de faire la preuve de sa toute nouvelle puissance non pas militaire, mais politique : l'amée américaine sera en démonstration pendant un mois, la Russie - ou ce qu'il en reste - osera à peine ouvrir la bouche. Dans l'extase de cette über victoire, on décide de laisser l'armée américaine s'installer définitivement en Arabie Saoudite - vous savez, le "premier pied".

Pas fameux comme idée : le fondamentalisme est à l'oeuvre dans ce pays, comme l'a prouvé la Prise de la Grande Mosquée en 1979. Et très vite, des voix s'élèvent pour exiger le départ des infidèles du sol sacré de l'Islam. Les Américains ignorent le sujet, trop occupés à gérer le monde. Le premier attentat au WTC en 1993, bien qu'exécuté par de véritables ignares, réussit partiellement et cause 6 morts. Et puis ce sont les attentats sur les tours de Khobar en 1996, les ambassades américaines de Naïrobi et Dar es Salaam en 1998, l'USS Cole en 2000. Tout cela est plus ou moins ignoré par les américains, qui envoient quand même quelques Tomahawks en direction de Ben Laden, désormais bien identifié comme super-vilain. Il faut dire que ledit Ben Laden a fait ce qu'il faut pour, en publiant une fatwa en 1996 urbi et orbi.

Et le "premier pied", où en est-il ? Curieusement, l'Arabie Saoudite donne des signes de rébellion rampante - la pire. Aramco n'est plus américaine : rachetée action par action, elle est 100% saoudienne et ça commence à se savoir ; partout dans le monde les réserves pétrolières basculent vers les gouvernements locaux, et déjà, de nouveaux conseillers militaires recommandent d'entrer en Iraq pour, cette fois-ci, y rester définitivement. L'histoire a retenu leurs noms : c'est la bande du PNAC avec en tête Dick Cheney et Donald Rumsfeld. Mais le président s'appelle à ce moment Clinton, et cherche plus à négocier qu'à envahir.

Quand Bush le jeune arrive au pouvoir, il installe la moitié du PNAC aux postes clés de l'Etat. Mais il faudrait un casus belli pour entrer en Iraq à nouveau... Ben Laden la lui fournit en lançant 4 commandos (5 selon la légende) dont deux réussissent au-delà de toute prédiction. Bush se sert de l'événement pour mettre en oeuvre la politique maintes fois exigée par le PNAC, c'est-à-dire entrer en Iraq et en Afghanistan - pour y rester. Vraiment une très mauvaise idée.

Car en dix ans, tout a de nouveau changé : les USA, privés de leur meilleur ennemi se vautrent dans l'emprunt facile et l'unilatéralisme ; incapables d'obtenir l'accord de leurs alliés pour entrer à nouveau en Iraq, ils occupent seuls un théâtre qui va leur coûter 3 000 milliards de dollars. Pour relancer l'économie, les USA prennent une série de décisions qui aboutiront directement à la crise des subprimes, puis à la crise des dettes souveraines... et nous en sommes toujours au début.

Je laisse le dernier mot à Schiller : contre la bêtise, les Dieux eux-mêmes sont impuissants.

04:10 Publié dans Economie, Géopolitique, Société | Lien permanent | Commentaires (0) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook |

08/08/2011

Hold-up chinois : le commencement.

1900. Considérée collectivement, l'Europe dispose de et exerce une puissance écrasante. Culturellement, elle éclipse toute autre nation, toute autre culture ; ce n'est pas le plus important, mais c'est le plus significatif. Militairement elle est inégalée ; techniquement et industriellement, elle est écrasante. Enfin sa capacité de projection est stupéfiante, même avec les critères de 2011.

1945. La même Europe est un petit champ de ruines, réduite à accepter l'or américain pour se relever. Les USA s'emparent tranquillement du sceptre du pouvoir total, non pas de façon belliqueuse, mais quasiment par hasard - sérendipitesquement diraient certains. Le pouvoir ne se donne pas, mais il peut se ramasser, même quand on est trop jeune et inexpérimenté pour le job.

2011. Les USA s'enfoncent - et entraînent leurs alliés - dans la pire crise que l'on puisse imaginer pour une démocratie : une crise des valeurs. Non pas des valeurs boursières, qui ne font que fluctuer au jour le jour, mais bien des valeurs fondamentales qui furent le moteur de leur essor pendant deux siècles. Ce moteur éteint, le USA se trouvent sans armes, sans outils, sans direction. La crise de la dette dans laquelle ils s'enfoncent - mettant ainsi en évidence les énormes défauts structurels des démocraties modernes - ne fait que traduire une crise plus profonde encore : les USA ne savent plus où aller.

Au cours du 20e siècle, le couple maudit automobile-pétrole - Detroit-Houston pour faire staïle - avait poussé et tiré à la fois l'économie, la politique et le social des USA ; début 21e, ce couple meurt d'une longue maladie, et c'est la sphère financière qui, avançant masquée depuis trente ans, prend le contrôle des événements. Un contrôle aveugle : son premier fait d'armes est la crise des subprimes, entraînant une crise économique, qui elle-même entraîne une crise de la dette... et nous n'avons pas fini. Mais il est clair que la finance mondiale est devenue le baromètre en remplacement de tout le reste. Développement durable ? Doit-on rire ou pleurer...

La Chine, comme les USA en 1945, n'est pas prête à la gouvernance mondiale ; à vrai dire ce n'est même pas son aspiration - se gouverner elle-même est déjà un exploit. Alors quand les USA, futur second, la forcent à arriver sur le devant de la scène, on peut dire que la Chine cache une joie qu'elle ne ressent guère. Quoi, alors qu'une partie non négligeable de sa population n'a toujours pas l'électricité, on voudrait faire peser sur ses épaules la responsabilité ultime ?

Le Hold-Up Chinois n'aurait pas dû se produire avant 2020 : les Chinois, éternellement confiants en leur permanence, préférant agir tard que tôt, et ayant accumulé vis-à-vis de l'Occident une créance digne des Mille et Une Nuits, auraient pu se borner à envoyer un courrier recommandé à l'OCDE, leur signalant simplement le changement de propriétaire. Mais ce n'est pas ce scénario qui va se produire, confirmant l'adage d'Alvin Toffler :"Le futur survient plus vite que prévu, et toujours dans le désordre" ('"The future arrives too soon and in the wrong order").

La Chine, refusant de faire face à une responsabilité qu'elle n'apprécie pas, alors que ses questions internes lui paraissent bien plus importantes, s'est donc bornée à signaler à l'un de ses fournisseurs, les USA, qu'ils sont nuls ; si nous étions dans le monde de l'entreprise, cela laisserait présager une OPA proche, avec changement de direction probable. Mais ce n'est pas l'agenda des Chinois.

La Chine Eternelle ne l'est qu'entre deux révolutions : cette puissance millénaire est dix fois, cent fois morte et ressuscitée de par sa seule dynamique ; l'extérieur n'est pour elle qu'un catalyseur, jamais un cataclysme. En revanche, le marasme créé par les Occidentaux laisse entendre que bientôt, les Chinois seront les créditeurs non pas des seuls USA, mais de tout l'OCDE. L'OCDE va découvrir ce que c'est que de travailler pour la Chine. Le Hold-Up Chinois commence maintenant.

 

 

 

 

 

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04/08/2011

La faillite des démocraties occidentales

La première qualité de la démocratie est de rallonger sensiblement la durée de vie de la classe dirigeante ; nul autre régime en effet ne leur évite aussi efficacement les combats fratricides et les mises à mort au berceau. Mais est-ce la seule ?

Le 20e siècle en cela avait été mitigé : les deux guerres les plus meutrières de l'histoire, l'effondrement de la culture européenne succédant à des théories assassines, tout cela ne vient pas en appui de ce fameux régime dont on ne dit que du bien. La fin de la guerre froide avait redoré son blason : après des décennies de combat végétal, le totalitarisme s'était effondré sur lui-même, comme un volcan devenu vieux, sans heurt et sans conclusion autre que "les gagnants écrivent l'histoire".

Mais depuis 1989 et la Chute du Mur, à quoi avons-nous eu droit ? L'attentat le plus meurtrier de l'histoire ; le mensonge d'état le plus outrecuidant avec les Armes de Destruction Massive ; deux guerres inutiles, meutrières, destructrices d'amitié et d'image, incroyablement dispendieuses et perdues d'avance - les Français ont droit à un cours de rattrapage avec une troisième intervention militaire du même acabit ; une catastrophe nucléaire ; et surtout, la plus grande crise économique de l'histoire, entièrement fabriquée de main d'homme, et qui a surtout touché les démocraties.

Mais quel est donc l'objet d'une démocratie, si ce n'est de protéger son peuple de ces malheurs ?

Tous sont survenus par suite d'une ou plusieurs décisions de l'exécutif, ou éventuellement de son inaction. Il ne s'agit pas là de punition divine, de malheurs inhérents à la race humaine, de cataclysmes naturels : non, ce sont des torts que nous nous causons à nous-même, décidés par ces démocraties que nous vantons tant à nos voisins.

L'armée américaine s'est installée sur le sol saoudien sans y être invitée, alors que rien ne l'y forçait (oublions un instant les 278 milliards de barils chers à nos coeurs) ; quand un certain Ben Laden a réclamé son départ (soutenu par quelle fraction de la famille régnante ?), l'Amérique aurait pu se retirer - elle l'a d'ailleurs fait en 2007 sans conséquence visible, c'était donc possible. Eh bien non, l'exécutif a décidé de rester, entraînant l'attentat du 11 septembre. Le lendemain, l'exécutif aurait pu reconnaître son erreur et changer d'orientation politique : il a fait l'inverse en déclenchant deux guerres, et en créant pour les financer les conditions de la crise économique la plus grave de l'histoire.

Quand en 2007, le début de la crise a montré que nous faisions à nouveau fausse route, avons-nous changé de méthodes ? Nullement. Quelles précautions avons-nous prises pour que cette crise ne se reproduise pas ? Aucune. Avons-nous modifié le cadre réglementaire de la finance pour qu'elle évite de générer d'autres perturbations ? En rien.

Tout régime politique offre des avantages et des inconvénients, certes, je veux bien m'en souvenir ; mais aujourd'hui les inconvénients sont devenus tellement nombreux qu'une remise à plat devient nécessaire.

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