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24/06/2016

Brexit, now what ?

Comme nous tous, je suis pris de court par une issue que je n'avais pas sérieusement envisagée, même si je l'ai appelée de mes vœux. Car oui, j'étais favorable au Brexit.

Nos amis anglais (je n'ai pas dit Britanniques, je connais ma géographie) ont toujours craint le Continent, et à bonne raison : ils se sont fait envahir nombre de fois par des peuples venus, bien évidemment, de celui-ci. Les Îliens ont en commun cette crainte millénaire des bateaux aux ventres gros de guerriers sûrs d'eux, venant s'échouer sur leurs grèves, et qui ne signifient qu'une chose : mort et destruction. 

Nos amis anglais ont toujours compté sur l'absence d'intérêt de leur île, et leur marine de guerre, pour refuser une alliance sérieuse avec le continent. Ils ont poussé à l'extrême le "Grand Jeu", jeu stupide qui consiste, dans le territoire restreint de l'Europe, à s'allier temporairement avec un partenaire pour en abattre un troisième - puis à changer de partenaire. Nos amis anglais, au plus fort de la débâcle de 1940, ont abandonné le terrain sans même prévenir l'état-major français ; au lendemain de l'armistice, nos amis anglais ont immédiatement coulé notre flotte à Mers-el-Kébir, où sont morts des marins qui étaient leurs alliés quelques jours plus tôt.

Plus récemment, en 2003, quand George W. Bush décida de bouter les Français hors de l'Irak en l'envahissant, un seul pays européen décida de les suivre - les Anglais. L'Angleterre a efficacement contribué à l'inexistence de l'Europe pendant quatre décennies. Good riddance !*

Nous perdons donc un poids lourd de l'Europe (le Royaume-Uni venait de dépasser la France en termes de PIB), mais nous nous débarrassons aussi d'un poids mort, que dis-je, d'une force d'inertie perverse, pernicieuse, et, à bien des égards, superfétatoire. 

Certes, nous allons payer cette sortie de nombreuses façons : chute des valeurs, des échanges, de la confiance. Six mois. Après six mois, les opérateurs vont se rendre compte que les vrais problèmes sont ailleurs et ne sont en rien réglés par l'apitoiement sur soi-même.

Car le vrai problème de l'Europe est qu'elle est incapable de se construire. J'entends parler de "construction de l'Europe" depuis que je suis né ; je ne vois rien se produire. Même si de nombreux observateurs ont mis cette défaite du "Bremain" sur le dos de la xénophobie, de l'égoïsme des classes agées, et autres réflexes peu glorieux d'une société ankylosée, d'autres au contraire pointent l'inefficacité de l'Europe politique, son manque d'ambition, de clarté, d'objectifs, de rêve. Au contraire, nous sommes tous les jours rappelés à l'inanité de la Commission de Bruxelles, qui tous les jours nous propose une ânerie de plus, comme un Père Ubu stakhanoviste.

Cette Europe-là, plus personne n'en veut, si ce n'est une armée de politiciens européens qui y trouvent leur compte en termes d'opacité, et une autre armée, toute aussi dangereuse, de fonctionnaires européens hyper-payés qui vivent à l'abri du néant.

Il est temps de faire face au futur.

Je l'ai dit et écrit nombre de fois : le futur est déplaisant - the future is bleak. Seuls les peuples qui sauront s'unir face aux difficultés considérables qui s'annoncent pourront espérer y résister. Ceux qui quittent le club, essentiellement pour aller nulle part et ne rien faire, sont juste des morts en puissance. Je recommande vivement de contribuer à défaire l'Ecosse et l'Irlande du Nord du Royaume-Uni, bien sûr pour les ramener dans notre giron, mais aussi pour affaiblir l'Angleterre, que nous finirons d'éliminer en instaurant une taxe sur toutes les transactions en Euros non réalisées dans l'Eurozone - les Anglais vont enfin redécouvrir le plaisir de travailler pour vivre. Ils viennent de forcer les Français et les Allemands à se rapprocher ? Grands dieux, ils n'ont pas lu l'histoire.

Le véritable problème est bien sur le continent : partout, les démocraties européennes sclérosées et cacochymes sont incapables d'enthousiasmer leurs peuples autour d'un projet quelconque ; rien n'avance. L'Europe politique, avec son mille-feuilles d'élus sans pouvoir et de décideurs sans mandat, est aussi excitante qu'un canard sans tête. No drive, no ride**. Je ne me fais guère d'illusion, et sais bien que cet immobilisme trouve ses racines dans l'homo zapetticus, vautré sur son canapé après une mauvaise journée dans un mauvais boulot, et qui a autant envie de redresser le pays que de se lever pour changer de chaîne. Pourtant, ce serait si facile : nos institutions, qu'elles soient nationales ou européennes, sont tellement anciennes et mal conçues que n'importe qui ferait mieux. Hélas, trois fois hélas, il faut d'abord passer sur le corps de trois divisions d'élus véreux, puis de cinq armées de fonctionnaires veules et ventripotents. Comme disait Charlebois, j'préfère faire de la zic avec l'gros Pierre. Il n'y a aucun espoir.

Une seule, petite et égoïste, satisfaction dans tout cela. Vous vous souvenez de Géoptripotages : Europe ? Eh bien oui, j'avais déjà, à moi tout seul, bouté l'Anglais hors de l'Europe, et j'avais déjà démembré le Royaume-Uni. C'était en 2011, Cameron ne savait même pas qu'il proposerait ce referendum ahurissant. Fort le mec, non ?

 

Géotripotages : Europe

*: bon débarras.

**: C'est tellement bon en anglais que je n'arrive même pas à le traduire en français.

 

14:53 Publié dans Futur, Géopolitique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : brexit, futur, uk, géotripotage | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook |

23/01/2008

Gendarme du monde

En 1945, les vieilles puissances régionales étaient exsangues, dévastées, et plus encore étaient incapables de reconstituer un schéma incluant leur propre suprématie : c'est ainsi qu'ils l'abandonnèrent volontairement aux USA, qui venaient de faire la preuve de leurs capacités. Une seule nation tenta de reconduire un prétendu empire pendant 4 décennies, à quel prix. C'est tout naturellement que les nouvelles règles non écrites furent convenues : les USA se chargeaient de faire respecter l'ordre, les autres nations "avancées" leur apportaient leur support politique, un accord mondial était lancé pour le meilleur et pour le pire.

Pendant quarante ans, ce fut pour le meilleur : les nations détruites retrouvèrent, grâce à l'or et la paix des Américains, une santé florissante, les conflits armés étaient petits et lointains, et les rares gouttes de sang européen n'étaient versées que pour des colonies qui n'en finissaient pas de s'éloigner de leurs anciens maîtres, achevant de détruire leurs vieux rêves internationaux. Certes, la mainmise des USA sur quantité de ressources, et particulièrement le moyen-orient, paraissait un peu exagérée, mais qui n'en profitait pas ? La minuscule crise de Suez en 1956 montra définitivement à ceux qui voulaient l'ignorer quels étaient les nouveaux maîtres.

Tout marchait si bien que le reste de l'OCDE se prit au jeu économique, secteur où les USA se révélèrent exemplaires : pendant cette période, aucun lieu ou monnaie ne pouvait concurrencer le dollar et le sol étatsuniens ; insensiblement, l'occident commença à prêter aux USA plus qu'il n'était nécessaire pour assurer leur mission, insensiblement la nation la plus riche du monde devint la plus endettée, empruntant aux républiques bananières un comportement qu'ils avaient tant fustigé.

Et puis les USA se mirent en tête de gagner à eux seuls la guerre froide ; l'URSS, prise au jeu de l'économie, perdit et s'effondra sur elle-même sans qu'un seul bombardier ouvre un oeil : tout l'occident accueillit la nouvelle avec joie, saluant un événement aussi inattendu que tant de fois annoncé. Soudain, les USA se retrouvèrent sans ennemi, mais aussi sans contrôle. Mais la machine était lancée, et les habitudes prises ; personne au monde ne fit autre chose que de se réjouir, alors même que la facture pour la sécurité s'était transformée en facture pour le confort.

Les erreurs autrefois rares s'accumulèrent ; à l'issue de la première guerre du Golfe, les USA tendirent une sébille impudente à un occident stupéfait, rompant ainsi avec les vieilles règles. Le scandale Enron prouva au monde que les USA devenus mesquins avaient perdu de vue l'objectif : conserver la confiance de la planète ; quelque chose avait changé. Quasiment le même jour, trois mille morts dans l'effondrement des Deux Tours prouvèrent au monde que bien des choses avaient changé. La catastrophique réaction de l'administration Bush fut à la hauteur de sa puissance : sans savoir les mobiles, sans comprendre la réaction de ses sujets, les USA tapèrent au hasard, comme un mauvais maître punit au hasard les ricaneurs pendant que les fautifs restent impunis. Le reste de la planète, interdit, empêtré dans ses propres contradictions et une furieuse course vers le confort, n'offrit aucune réaction. A peu près à la même date, la France interdisait à ses citoyens de travailler plus de trente-cinq heures par semaine, et les USA confirmaient qu'il n'y avait pas de réchauffement climatique.

Mauvais maître, changer de maître ? Facile à dire. Au début de ce siècle de fer, l'occident replet se complaît dans son luxe, l'Europe n'est capable que d'émettre des Directives qui parviennent difficilement à ses membres, la Russie se cherche une image et une santé, et la Chine attend son heure, qui n'est pas arrivée. Qui va remplacer le gendarme du monde ? Qui va verser son sang, remplacer le dollar avec sa monnaie, montrer la direction au reste de la planète, s'affranchir de la démocratie pour faire respecter les libertés ? Alors que les problèmes mondiaux s'accumulent à l'horizon, avec la triple crise de l'énergie, de la surpopulation et du réchauffement climatique, la planète des hommes se présente en ordre dispersé, menée par un maître toujours en place faute de challenger, sans plan et sans élan.

Les USA sont toujours une gande nation, capable et responsable ; mieux vaut un mauvais maître que pas de maître du tout ; et nous n'avons personne d'autre. Encore faut-il que ses suiveurs prennent eux-mêmes leurs responsabilités, et exercent un contrôle dont ils ont tout oublié. Sans quoi la crise des subprimes et ses conséquences ne seront que le début d'une longue suite d'abus et d'erreurs jamais corrigés, préfigurant une défaillance à la veille de l'examen final.

 

07:54 Publié dans Géopolitique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : gendarme, monde, géopolitique, USA, futur | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook |

24/04/2006

Demain et 2100

L'environnement évolue sans nous, il se peut qu'il évolue contre nous. Voulons-nous vraiment protéger l'environnement, ou nous protéger de l'environnement ?

Protéger l'environnement est facile : retournons à l'âge pré-industriel, et la planète se débrouillera très bien pour tout remettre dans l'ordre. Mais est-ce vraiment la question ?

L'objectif est toujours, comme depuis le départ, la survie dans les meilleures conditions possibles. Il s'agit bien de protéger l'homme, et tant mieux si le reste survit aussi.

Les décisions à prendre concernent l'ensemble des citoyens et impliquent des coûts cumulés stupéfiants ; il paraît impossible de demander au public de prendre maintenant ces décisions, dont les conséquences ne seront constatées que dans un siècle.

Notre capacité à réduire notre impact sur l'environnement restera faible dans les années à venir.

Est-il envisageable, en dépit de cette inaction probable, de se préparer à ces échéances ?

Cette petite page web sans prétention vise à identifier ce qu'il est possible de faire dès maintenant, avec des moyens limités, mais avec un oeil sur le long terme : 2100, c'est demain.

"Caminante, no hay camino, se hace camino al andar".

18:45 Publié dans Futur | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : énergie, futur, environnement, survie, humain, planète, climat | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook |