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24/01/2008

Corriger ses erreurs

En 1898, Guillaume II soutenait en personne le projet de voie ferrée Berlin-Bagdad-Bassorah ; dix ans plus tard, l'amirauté britannique prenait la décision d'abandonner le charbon au profit du pétrole pour équiper ses navires de moteurs plus puissants, prononçant la première le mot "dépendance". A cette date, le pétrole et la guerre étaient déjà liés à jamais. Le reste du 20e siècle fut une longue suite de guerres menées grâce à, autour ou à cause du pétrole. Après 1945, seules deux nations se relevaient des décombres, mais une seule mettait la main sur le Moyen-Orient, source de pétrole, de richesse et de stabilité pour ceux qui le contrôlaient.

Ce contrôle faillit coûter cher en 1979 : la chute du Shah ne fut pas du tout la petite erreur enregistrée par l'Occident, mais bien une débâcle qui faillit dégénérer en une crise mondiale ; elle fut analysée aussi mal que possible. Croyant corriger cette erreur, les USA (aidés par leurs alliés dans la mesure des moyens) poussèrent l'Iraq à déclarer la guerre à l'Iran son voisin, pour lequel  il n'a guère d'amitié ; cette guerre fut entièrement souhaitée et pilotée par les USA et ses alliés. Ils alimentèrent sans cesse le régime de Saddam Hussein en armes et en dollars : "Let them bleed" ("Qu'ils saignent") fut le mot d'une administration étatsunienne qui n'aimait aucun des deux pays, jusqu'à un armistice douteux, laissant les deux pays dévastés.

8412b1d3a46ce8f2687bf2d852cb66c8.jpgToujours en 1979, l'URSS commettait une erreur tout aussi grossière en ratant le changement Iranien, à l'occsion duquel ils auraient pu mettre la main sur une partie importante du pétrole moyen-oriental ; croyant corriger cette erreur, l'URSS pénétra en Afghanistan ; les USA s'empressérent d'armer et d'entraîner les Afghans, avec entre autres les missiles sol-air qui firent tant de mal aux hélicoptères russes (le Stinger de 1981, photo National Geographic), par l'entremise de leurs agents, dont un certain Oussama Ben Laden. "Let them bleed" fut la justification de l'administration étatsunienne, pensant se venger au passage de l'aide russe au Viet-Nam.

L'Irak, gros exportateur de pétrole, constata à l'issue de la guerre que le baril était à son plus bas de tous les temps, lui interdisant de sauver son économie. Il découvrit également que le prix du baril faisait partie d'un plan plus général, destiné à affaiblir financièrement l'URSS, devenue momentanément premier exportateur mondial depuis le deuxième choc pétrolier ; et qu'en conséquence, ce prix était intouchable. Il découvrit également que l'OPEP avait perdu toute unité, que tous ses membres participaient joyeusement aux excès du marché, et que son voisin le Koweit, auquel l'Irak avait beaucoup emprunté pendant la guerre, exigeait d'être remboursé, tout en pompant perfidement dans un champ situé sous la frontière entre ces deux pays. Saddam Hussein exigea qu'on revînt aux principes des quotas ; que le pétrole soit majoré, que le Koweit arrête de lui voler son pétrole ; qu'il accepte de rééchelonner les paiements de sa dette. Il exigea tant et n'obtint rien, lui qui avait saigné son peuple pour faire plaisir à l'Occident... Il avertit tout le monde qu'il allait envahir le Koweit.

Tout le monde ? Et son frère : il annonça cette intention dans plusieurs réunions publiques, y compris à l'OPEP ; et trois jours avant d'entrer au Koweit, alors que les satellites montraient sans équivoque l'accumulation de ses troupes à la frontière, il demanda une entrevue avec l'ambassadrice des USA en Irak, April Glaspie, évidemment pas pour prendre le thé. Le contenu de cette réunion, rendu public par la suite, est une perfection d'incompréhension : le représentant de S. Hussein en sortit persuadé que les USA n'interviendraient pas. La suite est connue : pour corriger cette erreur, alors que cette guerre aurait dû être évitée avec quelques coups de téléphone, l'Occident vint écraser sous les bombes un pays déjà meurtri par une guerre qu'il l'avait forcé à mener.

L'installation en masse de troupes étatsuniennes sur le sol sacré provoqua l'ire de certains saoudiens, dont un certain Ben Laden, ex agent étatsunien, ex riche héritier d'une grande famille saoudienne liée à la famille Bush. Sa fatwah fut négligée par les USA ; les éléments actuels montrent que cette négligence aboutit à trois mille morts, et une terrible dégradation de l'image des Etats-Unis dans le monde. Croyant corriger cette erreur, les Etats-Unis se lancèrent dans deux guerres de trop, car aucune armée n'est conçue pour s'enliser dans un pays ennemi.

Les sondages actuels semblent montrer qu'un changement drastique de politique pourrait survenir aux USA à l'issue des élections de 2008 ; il ne semble pas qu'aucun des candidats ait une solution viable pour ces conflits ; mais nul doute que le (la) prochain(e) président(e) aura à coeur de corriger ces erreurs. On leur souhaite simplement que le fameux "Let them bleed" ne fasse pas boomerang.

09:05 Publié dans Géopolitique | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : moyen-orient, guerre, golfe, pétrole | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook |

Commentaires

Barack Obama, l'ami des charbonniers corrigera peut-être ces erreurs, mais il risque d'en faire d'autres... A moins qu'il ne se souvienne qu'il est sénateur de l'Etat (Illinois) ou a été décidé d'implanter FutureGen !

Écrit par : Aerobar | 28/01/2008

Belle tentative de me ramener sur le terrain de l'environnement, que j'ai un peu négligé dans ce billet en effet :). Encore un ou deux et je reviens compter mes molécules de CO2, promis Aerobar !

Écrit par : E2100 | 29/01/2008

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