14/02/2008
OPEP : politique 2008
Face à la récession qui s'annonce, l'OPEP est dans ses petits souliers. On avait vu, dans la décomposition du prix du pétrole, que l'OPEP s'était trouvée, un peu ravie de la crèche, contrainte de constater qu'un prix bien plus élevé que prévu semblait passer sans trop de problèmes. Cela n'est-il pas un peu trop beau pour être vrai ? Et face à la crise économique annoncée, ne vaudrait-il pas mieux alléger un peu le fardeau des économies de l'OCDE ? Pas facile de répondre à cette question.
Il y a des faucons à l'OPEP, avec en particulier l'Iran et le Venezuela, qui ne demandent qu'à faire grimper le baril - surtout l'Iran, qui malgré ses importantes réserves pétrolières, risque de voir sa production chuter dans le cours de la prochaine décennie. Il y a aussi une colombe - de taille : l'Arabie Saoudite, qui a bien besoin des USA pour sa survie politique, interne et externe. Ces douze pays (l'Iraq en déconfiture ne participe pas vraiment aux décisions) se trouvent contraints de faire cohabiter des politiques et des objectifs très divers. Alors que faire ? Le graphe ci-dessous montre que la situation n'est pas si rose que cela pour les pays producteurs : confrontés parfois à une démographie galopante, leurs besoins en investissements lourds ont cru plus vite que leur PIB ; le graphe ci-dessous montre que l'année 2008 pourrait bien se traduire par une baisse de leurs revenus par personne, et non une hausse, soit à cause d'une baisse des exportations, soit à cause d'une baisse du prix - ou pire, des deux.
Tout d'abord il est urgent d'attendre : la crise économique annoncée n'est pas sûre, la production des pays non-OPEP est toute aussi incertaine, et la véritable échéance est la constitution des stocks pour la "driving season" étatsunienne, c'est-à-dire le mois de mars. On peut se donner deux mois de réflexion. En attendant, il est toujours possible de recourir à une bonne vieille méthode qui ne cesse de faire ses preuves en politique : mentir légèrement, en laissant la production croître de quelques barils si nécessaire, en évitant qu'ion en parle trop. Le fait que l'OPEP aurait augmenté sa production d'un demi-million de barils/j finit toujours par se savoir, mais tant que ça reste officiellement officieux, ça ne met pas en péril la cohésion de l'OPEP, talon d'Achille de tous les cartels.
Ensuite, dans deux mois nous saurons si la récession est réelle ou pas (merci M. Warren Buffett), si le pétrole se vend toujours ou pas, si de nouveaux ennuis géopolitiques se profilent à l'horizon ou pas... Cela dit, il me semble qu'une fourchette 80-105 USD/baril devrait contenter beaucoup de gens, en l'absence de grave crise économique, et au moins jusqu'à l'été.
Source : OPEC revenues factsheet
09:10 | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : politique, prix, baril, pétrole | | del.icio.us | | Digg | Facebook |