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08/08/2011

Hold-up chinois : le commencement.

1900. Considérée collectivement, l'Europe dispose de et exerce une puissance écrasante. Culturellement, elle éclipse toute autre nation, toute autre culture ; ce n'est pas le plus important, mais c'est le plus significatif. Militairement elle est inégalée ; techniquement et industriellement, elle est écrasante. Enfin sa capacité de projection est stupéfiante, même avec les critères de 2011.

1945. La même Europe est un petit champ de ruines, réduite à accepter l'or américain pour se relever. Les USA s'emparent tranquillement du sceptre du pouvoir total, non pas de façon belliqueuse, mais quasiment par hasard - sérendipitesquement diraient certains. Le pouvoir ne se donne pas, mais il peut se ramasser, même quand on est trop jeune et inexpérimenté pour le job.

2011. Les USA s'enfoncent - et entraînent leurs alliés - dans la pire crise que l'on puisse imaginer pour une démocratie : une crise des valeurs. Non pas des valeurs boursières, qui ne font que fluctuer au jour le jour, mais bien des valeurs fondamentales qui furent le moteur de leur essor pendant deux siècles. Ce moteur éteint, le USA se trouvent sans armes, sans outils, sans direction. La crise de la dette dans laquelle ils s'enfoncent - mettant ainsi en évidence les énormes défauts structurels des démocraties modernes - ne fait que traduire une crise plus profonde encore : les USA ne savent plus où aller.

Au cours du 20e siècle, le couple maudit automobile-pétrole - Detroit-Houston pour faire staïle - avait poussé et tiré à la fois l'économie, la politique et le social des USA ; début 21e, ce couple meurt d'une longue maladie, et c'est la sphère financière qui, avançant masquée depuis trente ans, prend le contrôle des événements. Un contrôle aveugle : son premier fait d'armes est la crise des subprimes, entraînant une crise économique, qui elle-même entraîne une crise de la dette... et nous n'avons pas fini. Mais il est clair que la finance mondiale est devenue le baromètre en remplacement de tout le reste. Développement durable ? Doit-on rire ou pleurer...

La Chine, comme les USA en 1945, n'est pas prête à la gouvernance mondiale ; à vrai dire ce n'est même pas son aspiration - se gouverner elle-même est déjà un exploit. Alors quand les USA, futur second, la forcent à arriver sur le devant de la scène, on peut dire que la Chine cache une joie qu'elle ne ressent guère. Quoi, alors qu'une partie non négligeable de sa population n'a toujours pas l'électricité, on voudrait faire peser sur ses épaules la responsabilité ultime ?

Le Hold-Up Chinois n'aurait pas dû se produire avant 2020 : les Chinois, éternellement confiants en leur permanence, préférant agir tard que tôt, et ayant accumulé vis-à-vis de l'Occident une créance digne des Mille et Une Nuits, auraient pu se borner à envoyer un courrier recommandé à l'OCDE, leur signalant simplement le changement de propriétaire. Mais ce n'est pas ce scénario qui va se produire, confirmant l'adage d'Alvin Toffler :"Le futur survient plus vite que prévu, et toujours dans le désordre" ('"The future arrives too soon and in the wrong order").

La Chine, refusant de faire face à une responsabilité qu'elle n'apprécie pas, alors que ses questions internes lui paraissent bien plus importantes, s'est donc bornée à signaler à l'un de ses fournisseurs, les USA, qu'ils sont nuls ; si nous étions dans le monde de l'entreprise, cela laisserait présager une OPA proche, avec changement de direction probable. Mais ce n'est pas l'agenda des Chinois.

La Chine Eternelle ne l'est qu'entre deux révolutions : cette puissance millénaire est dix fois, cent fois morte et ressuscitée de par sa seule dynamique ; l'extérieur n'est pour elle qu'un catalyseur, jamais un cataclysme. En revanche, le marasme créé par les Occidentaux laisse entendre que bientôt, les Chinois seront les créditeurs non pas des seuls USA, mais de tout l'OCDE. L'OCDE va découvrir ce que c'est que de travailler pour la Chine. Le Hold-Up Chinois commence maintenant.

 

 

 

 

 

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04/08/2011

La faillite des démocraties occidentales

La première qualité de la démocratie est de rallonger sensiblement la durée de vie de la classe dirigeante ; nul autre régime en effet ne leur évite aussi efficacement les combats fratricides et les mises à mort au berceau. Mais est-ce la seule ?

Le 20e siècle en cela avait été mitigé : les deux guerres les plus meutrières de l'histoire, l'effondrement de la culture européenne succédant à des théories assassines, tout cela ne vient pas en appui de ce fameux régime dont on ne dit que du bien. La fin de la guerre froide avait redoré son blason : après des décennies de combat végétal, le totalitarisme s'était effondré sur lui-même, comme un volcan devenu vieux, sans heurt et sans conclusion autre que "les gagnants écrivent l'histoire".

Mais depuis 1989 et la Chute du Mur, à quoi avons-nous eu droit ? L'attentat le plus meurtrier de l'histoire ; le mensonge d'état le plus outrecuidant avec les Armes de Destruction Massive ; deux guerres inutiles, meutrières, destructrices d'amitié et d'image, incroyablement dispendieuses et perdues d'avance - les Français ont droit à un cours de rattrapage avec une troisième intervention militaire du même acabit ; une catastrophe nucléaire ; et surtout, la plus grande crise économique de l'histoire, entièrement fabriquée de main d'homme, et qui a surtout touché les démocraties.

Mais quel est donc l'objet d'une démocratie, si ce n'est de protéger son peuple de ces malheurs ?

Tous sont survenus par suite d'une ou plusieurs décisions de l'exécutif, ou éventuellement de son inaction. Il ne s'agit pas là de punition divine, de malheurs inhérents à la race humaine, de cataclysmes naturels : non, ce sont des torts que nous nous causons à nous-même, décidés par ces démocraties que nous vantons tant à nos voisins.

L'armée américaine s'est installée sur le sol saoudien sans y être invitée, alors que rien ne l'y forçait (oublions un instant les 278 milliards de barils chers à nos coeurs) ; quand un certain Ben Laden a réclamé son départ (soutenu par quelle fraction de la famille régnante ?), l'Amérique aurait pu se retirer - elle l'a d'ailleurs fait en 2007 sans conséquence visible, c'était donc possible. Eh bien non, l'exécutif a décidé de rester, entraînant l'attentat du 11 septembre. Le lendemain, l'exécutif aurait pu reconnaître son erreur et changer d'orientation politique : il a fait l'inverse en déclenchant deux guerres, et en créant pour les financer les conditions de la crise économique la plus grave de l'histoire.

Quand en 2007, le début de la crise a montré que nous faisions à nouveau fausse route, avons-nous changé de méthodes ? Nullement. Quelles précautions avons-nous prises pour que cette crise ne se reproduise pas ? Aucune. Avons-nous modifié le cadre réglementaire de la finance pour qu'elle évite de générer d'autres perturbations ? En rien.

Tout régime politique offre des avantages et des inconvénients, certes, je veux bien m'en souvenir ; mais aujourd'hui les inconvénients sont devenus tellement nombreux qu'une remise à plat devient nécessaire.

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02/08/2011

La vraie victoire de Ben Laden

A la rentrée 2001, l'économie américaine était atone, le pétrole était au plus bas, seule la Chine affichait des chiffres insolents propres à la faire détester par l'OCDE. Le monde évoluait lentement vers la multipolarité, les pays occidentaux s'y étaient résolus sans combat : mourir pour mes retraites, oui, mais de mort lente. La bulle internet venait d'exploser, et avec elles de nombreux espoirs tous plus absurdes les uns que les autres. Même la NASA se cherchait une mission... Comme si Imhotep s'était mis à construire des lotissements de banlieue l'âge venu ?

Et puis le 11 septembre 2001 mit un terme à cette apathie, en détruisant non seulement des milliers de vies et des centaines de milliards de dollars, mais aussi le rideau de papier qui masquait la faiblesse occidentale. La meilleure défense c'est l'attaque : les Etas-Unis choisirent d'attaquer tous azimuts pour masquer leurs multiples faiblesses, et c'est ainsi qu'on se lança dans une politique monétaire désastreuse qui mena à la catastrophe économique de 2007, qu'on se lança (et qu'on lança ses alliés) dans deux guerres inutiles et terriblement coûteuses, et qu'on laissa dans le même temps le champ libre aux BRIC qui n'en revenaient pas de se trouver à pareille fête.

Cette catastrophe n'est pas terminée : elle se déroule devant nos yeux en ce moment même ; en réalité, elle ne fait que commencer, simplement parce que l'OCDE avait accumulé une telle quantité de mauvais comportements que nous ne faisons que les découvrir un a un. Combien de peaux a un oignon ? Qui aujourd'hui se soucie de l'Islande, qui il y a un an encore semblait un problème important ?

La véritable victoire de Ben Laden n'est pas d'avoir tué des milliers de personnes, ni même d'avoir obtenu que l'armée américaine quitte le sol sacré de l'Islam ; c'est d'avoir déclenché, avec sans doute quelques années d'avance, la crise qui va faire perdre à l'OCDE un leadership d'une puissance extraordinaire.

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