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26/05/2006

Quelle politique de l'énergie en France ?

La France, contrairement à ce qu'on raconte fréquemment, est un formidable gisement de pétrole avec peu d'idées pour le gérer. Et pourtant ce n'est pas difficile : l'énergie est un sujet hautement technique et économique, où les chiffres pèsent lourd. Examinons la déclaration du premier ministre, Dominique de Villepin sur la politique énergétique, le 15 mai 2006. Le Premier ministre commence par les principes : 1) "réduire le poids de notre facture pétrolière", tout-à-fait louable, et 2) "parvenir à un partage équitable du "fardeau" pétrolier" : là, on est déjà plus inquiet. Les moyens employés sont : le développement des biocarburants, le réacteur nucléaire de nouvelle génération, EPR, et une nouvelle subvention pour le photovoltaïque. Jusque là, pas grand-chose de nouveau ni de choquant, même si ces trois énergies ont chacune leurs défauts. Mais plus loin, le Premier Ministre s'engage à rétrocéder les taxes pétrolières aux Français : ceci va à l'encontre de toute bonne politqiue énergétique : subventionnner la dépense de produits pétroliers envoie exactement le message contraire à ce qui est nécessaire aujourd'hui.

Bien d'autres choses sont possibles aujourd'hui dans le domaine de l'énergie : il faut promouvoir les bâtiments zéro énergie, avec le solaire thermique et le petit éolien, et une isolation thermique intelligente. En revanche, les éléments consommateurs excessifs d'hydrocarbures doivent être taxés, et non pas subventionnés.

Le graphique des émissions de CO2 de la France est pourtant facile à lire : alors que l'industrie en général a bien appris sa leçon avec les deux chocs pétroliers, et a su rester vertueuse, au contraire le résidentiel et le transport ne font qu'augmenter leurs émissions.

Or, résidentiel et transport sont clairement les domaines où l'action "intelligente" de l'état auprès de ses citoyens devrait se faire sentir. Dans le domaine de l'énergie, nous n'avons pas besoin de génies : juste quelqu'un qui lise les chiffres correctement.

Le texte complet de l'intervention du Premier Ministre.

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24/05/2006

Quelles sont les priorités ? 1 - Réchauffement mondial

Les événements qui vont se produire dans les années qui viennent vont, à eux tous, dépasser notre capacité d'action. Il est utile d'établir des priorités, et d'évaluer dans chaque cas nos réelles capacités d'action.

Réchauffement mondial.

Il semble établi que le réchauffement planétaire est une conséquence de l'augmentation des GES (Gaz à Effet de Serre) dans l'atmosphère, elle-même consécutive à notre activité de tous les jours. Qu'y pouvons-nous ?

Il est aisé de réduire notre consommation énergétique dans le domaine résidentiel : la faible qualité thermique des bâtiments modernes peut être améliorée, et des bâtiments "zéro énergie" sont déjà disponibles - sur le papier. Dans la réalité, même en travaillant à marche forcée, nous parviendrons au mieux à remplacer 30 % de nos bâtiments en 30 ans : nous ne pouvons détourner qu'une partie de notre PNB vers la construction, et les entreprises concernées sont elles aussi en nombre limité.

L'autre secteur gourmand en hydrocarbures est le transport. Le transport individuel est relativement facile à améliorer : si nous prenons des décisons maintenant, nous pouvons renouveler 90 % du parc automobile en 15 ans. Mais nous allons le renouveler avec des véhicules qui, au mieux, consommeront 50 % de la moyenne actuelle. Le transport routier ne peut pas non plus être remplacé par le ferroutage en quelques années.

De plus, le secteur sans solution aujourd'hui est le transport aérien : nous ne savons pas faire d'avions qui ne consomment pas de pétrole. Ce secteur est une part importante de nos émissions de GES, et présente une forte expansion dans la décennie à venir.

Le secteur de l'énergie est le troisième pourvoyeur de GES. Là aussi, des solutions sont identifiées : énergies renouvelables, nucléaire. Les énergies renouvelables sont aujourd'hui insuffisamment faciles à mettre en oeuvre pour autoriser des investissements massifs : l'Europe s'est engagée à avoir seulement 10 % de son énergie renouvelable en 2010. Quand à la solution nucléaire, elle exige d'abord une prise de conscience des citoyens, puis des investissements considérables. Le Royaume-Uni vient, par la voix de T. Blair, de changer sa vision politique à long terme sur ce plan : cela autorise un début de solution à l'horizon... 2020 !

Il faut donc admettre que, si l'on ajoute l'inaction constatée actuellement (2006), puis le coût réel des investissements concernés, les délais réalistes nécessaires pour mettre en place les solutions forcément partielles, nous ne pouvons commencer à envisager d'avoir une civilisation économe en hydrocarbures que vers le milieu du siècle. A cette date, le pétrole sera déjà devenu très rare, voir les notes sur le Peak Oil.

Sauf miracle, nous sommes bien condamnés à utiliser la totalité du pétrole encore disponible. Nous n'avons donc pas les moyens d'empêcher la quantité de CO2 dans l'atmosphère de croître.

Est-ce une raison pour ne rien faire ? Non, bien sûr, comme on le verra dans les notes suivantes.

Nous sommes à une époque où des investissements très lourds vont être exigés selon les options politiques que nous allons choisir : il est indispensable de prendre en compte la réalité avant de se lancer.

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23/05/2006

Peak Oil - 1 - Les Bases

Le Peak Oil part d'un constat simple : les gisements d'hydrocarbures étant limités, plus on en consomme, plus on s'approche du jour inéluctable où il n'y en a plus du tout. A cela s'ajoute le fait que plus on s'approche de la fin de vie du puits, plus l'exploitation est difficile et chère, et la production s'amenuise graduellement. Ainsi, chaque gisement voit sa production croître, se stabiliser, puis décroître, épousant une courbe en cloche au cours du temps. La somme d'une multitude de courbes en cloche étant également une courbe en cloche, c'est bien la courbe de production mondiale que les observateurs cherchent à décrire, et bien sûr, à prédire.

C'est Marion King Hubbert qui le premier appliqua cette réflexion aux gisements des USA : en 1956, il prédit que la production états-unienne atteindrait son maximum en 1970 : c'est bien ce qui se produisit. Cette première réussite donna beaucoup de crédit à cette façon de regarder les chiffres ; aujourd'hui, une majorité de pays ont dépassé leur propre peak oil ; parmi eux, non seulement les Etats-Unis, mais tous les pays limitrophes de la Mer du Nord.

Pourquoi la date du peak oil est-elle importante ?

Quand cette date surviendra, la production mondiale de pétrole ne pourra plus que décroître ; tous les pays ou secteurs économiques qui n'auront pas pris les précautions nécessaires se trouveront face à une dégradation croissante de leurs conditions de vie. Rappelons que, suite au comportement actuel des grands consommateurs (USA, Chine, Japon, Inde), la consommation mondiale augmente chaque année ; celle de la France est en quasi-stagnation depuis une trentaine d'années.

Contrairement à ce qu'on pourrait imaginer, les chiffres de réserves prouvées de chaque pays ne sont pas très précis : il s'agit là de valeurs hautement stratégiques, et chaque pays (à qui il reste du pétrole) s'ingénie à les dissimuler ou les déformer.

En 2006, la France est toujours le 5e importateur mondial de pétrole, avec environ 2 millions de barils par jour : ce niveau de dépendance élevé rend notre mode de vie fragile quand le peak oil surviendra.

Alors, pour quand le Peak Oil ?

Plus d'info dans la deuxième partie.

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