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09/11/2006

Le nouvel Energie-mix

Nous quittons l'ère du tout-pétrole pour entrer dans une ère où l'énergie ne sera ni bon marché, ni abondante, ni unique ; les solutions seront adaptées aux possibilités techniques, économiques et culturelles locales ; c'est le pragmatisme qui inspire ces lignes, en envisageant uniquement ce qui paraît crédible et réalisable dans les 25 ans à venir ; on s'intéresse également aux transformations sociétales forcément associées.

Hors conflit majeur, les nations de l'OCDE continueront leur croissance lente de PIB (1 à 3 % selon les pays), leur décroissance lente de leur intensité énergétique (-1 à -2 % selon les pays), la croissance lente de leur démographie (0 à 2 % selon les pays), ce qui signifie :
- stagnation de l'énergie consommée
- diminution de l'énergie consommée par habitant

Il s'agit donc bien de redéploiement de notre énergie-mix, en considérant que le total reste à peu près constant. 

Le problème du Réchauffement Climatique (RC), dont il sera beaucoup question avant les élections, ne progressera que lentement dans les faits ; cependant, on n'envisage pas en France la construction de nouvelle centrale à charbon sans Capture et Séquestration du CO2 (CCS).

Deux sources de consommation, disons de gaspillage, sont facilement identifiables, avec :
- le résidentiel-tertiaire : 40 % de notre consommation énergétique, cette activité sera entièrement refondue dans un lointain avenir, avec la disparition progressive des banlieues pavillonnaires, la proposition systématique de sous-ensembles à énergie "presque" nulle, la gestion intelligente des appels énergétiques pour lisser les deux pics journaliers. Les bâtiments de bureau seront revus dans leur budget énergétique, et les nouvelles constructions devront être adaptées à l'interdiction de la climatisation en été. On ne peut envisager de renouvellement plus rapide que 1% par an.
- l'automobile : 50 % de notre consommation d'hydrocarbures, sans doute le "gisement" d'hydrocarbures le plus évident, puisque les Français depuis 20 ans achètent des voitures sans cesse plus consommatrices : cette tendance est à renverser, par la taxation proportionnelle à la consommation, l'investissement dans des TEC adaptés, la refonte progressive de notre urbanisme, la proposition de véhicules électriques aux performances adpatées aux besoins. Renouvellement 5 %/an.

Le prix de l'énergie sera modulé selon l'heure : il est absurde de continuer d'avoir un écart de 50 % crête-crête chaque jour ; la gestion des appels de puissance fera donc l'objet d'un traitement, à la fois autorisation et facturation : il n'est pas nécessaire que tous les radiateurs du pays s'allument au même instant.

Le maintien du prix des hydrocarbures à des valeurs élevées (60 USD) ne peut que nous aider à obtenir les économies ci-dessus ; mais ce n'est pas suffisant, le coût du gaz et de l'électricité doivent également augmenter.

Les économies dans le transport aérien à 25 ans ne sont pas envisageables ; le transport maritime augmentera. L'industrie a déjà procédé à beaucoup d'économies ; on peut au contraire s'attendre à une croissance de la demande électrique, avec le remplacement progressif des cogénérations installées à partir de 1990.

Les économies et la sobriété sont les moyens les plus faciles et les moins coûteux à mettre en oeuvre ; ils ne réclament que du courage.

L'énergie nucléaire reste la seule source d'énergie massive générant peu de Gaz à Effet de Serre (GES). Investissement culturel, il peut être déclenché dès 2010 en Europe (Allemagne, UK). Dans l'optique d'un simple remplacement des centrales consommant des hydrocarbures ou du charbon, leurs nombres et emplacements sont aisés à concevoir.

Les nations de plus petite taille ne pourront faire cet investissement ; elle seront invitées à ne pas trop s'appuyer sur leurs voisins pour leurs besoins, et devront donc investir dans leurs propres moyens. Si les centrales à gaz non séquestrées continuent de fleurir, on peut espérer que cette tendance s'interrompe devant les difficultés géostratégiques liées à cette ressource. Elles devront donc se tourner vers des centrales à charbon.

Le charbon sera bientôt employé sous de multiples formes : les unités Fischer-Tropsch sont d'ores-et-déjà compétitives, les centrales de production d'énergie le sont aussi, le cycle combiné à proximité de zones urbaines également. Toutes ces solutions génèrent beaucoup de GES.

La technologie CCS n'est que partiellement disponible aujourd'hui ; autant elle est facile si on a une couche géologique fiable à proximité, autant elle est hasardeuse dans les autres situations ; sa mise en oeuvre systématique n'est donc pas pour demain, sauf situation favorable locale. On aura donc là aussi des centrales sans CCS pour les Etats de petite taille, et des centrales avec CCS pour les pays plus puissants.

Le comportement de la Chine et des USA imposera le leur aux autres nations ; la faisabilité aux USA est déjà démontrée ; le tournant peut survenir à n'importe quel moment après les élections de 2008.

Les énergies nouvelles devront se glisser dans le tissu énergétique sans révolution ; le chauffage solaire individuel et collectif devrait décoller, mais limité par le taux de renouvellement de l'habitat, le photovoltaïque reste confiné par son coût. L'éolien limité par ses petits défauts aujourd'hui, devrait trouver plus d'intérêt avec les grands ensembles offshore intelligemment gérés, y compris au niveau de l'appel local de puissance ; cependant, viser 10% de notre puissance électrique est optimiste.

 Les combustibles renouvelables routiers, tels que l'E85, ne représenteront qu'un faible pourcentage du total : les premiers problèmes climatiques laisseront peu d'espoir à cette activité.

Les énergies "nouvelles nouvelles" (hydraulien) et "vieilles nouvelles" (géothermie) feront l'objet de projets ponctuels adaptées aux situations particulières, avec un impact inférieur à 1%, mais localement très intéressant.

Enfin l'urbanisme, au-delà de l'habitat, devra faire l'objet d'une refonte à la fois globale et locale. Notre urbanisme actuel n'est que très partiellement culturel, il sera donc culturellement facile d'en changer, malgré les déclarations réactionnaires de beaucoup.

Lui aussi est constitué de plusieurs couches :
- les coeurs de villes étroits et intouchables, héritage des villes assiégées du Moyen-Age ; Paris intra-muros, avec sa totale absence d'espaces verts et d'ouverture, en est l'exemple type
- les banlieues arides, construites à la hâte entre 1950 et 1968, dont la vocation est d'être rasées, mais qui abritent un nombre de citoyens considérable
- les banlieues pavillonnaires lointaines, récentes mais écologiquement à condamner, devraient être interdites le plus vite possible ; elles sont associées aux "zones commerciales", top laideur mais logistiquement pratiques
- les villes et villages de province, qu'il faut à tout prix préserver, au moins dans leur mode de vie

Combien de Français habitent là où ils l'ont souhaité, indépendamment de considérations financières et professionnelles ? Ce sujet est donc bien plus évolutif que les décideurs le disent. L'absence de débat national sur le sujet empêche cependant qu'un réel travail soit fait dans les années qui viennent ; pourtant, il ne tient qu'à nous.

Avec la présidence Allemande de l'Europe en janvier prochain, on peut espérer une avancée réelle en matière de coopération énegétique à long terme en Europe ; la question à 1000 milliards d'Euros devrait bien intéresser quelques personnes.

10:55 Publié dans Futur | Lien permanent | Commentaires (0) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook |

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