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29/04/2006

L'ours slovène : pour faire plaisir à qui ?

Deux ours slovènes viennent d'être introduits dans les Pyrénées, en cachette des chasseurs, mais devant les caméras de télévision. Pour faire plaisir à qui ?

La ministre Nelly Ollin se borne à dire dans son discours explicatif qu'elle ne fait  "que remplacer les trois ours morts par accident". Il me semble me souvenir que ces ours n'étaient pas autochtones non plus. Madame Ollin invoque également le principe de la biodiversité : hélas, l'introduction d'une espèce venue d'ailleurs pour remplacer une espèce disparue n'ajoute rien à la biodiversité. La seule façon d'agir pour la biodiversité est de protéger des espèces avant qu'elles disparaissent.

Le MEDD fait l'effort de communiquer l'ensemble du dossier, ce dont il faut le féliciter. L'examen du dossier conduit à quelques étonnements.

On ne trouve nulle part la notion de chaîne alimentaire ; on ne voit pas où l'ours s'inclut dans le biotope ; on ne lui attribue aucun rôle. Il me semble qu'à notre époque, la connaissance de notre environnement va jusqu'à identifier la place d'une espèce donnée dans son environnement : chaque espèce "sert" à quelque chose, à l'instar des prédateurs, qui contribuent à la fois à réguler les populations d'herbivores, et à éliminer les individus les plus faibles. A quoi sert cet ours ? Ce sujet n'est pas évoqué.

Le rapport fait état d'une enquête internet ayant obtenu 1040 réponses exploitables, dont 291 proviennent de départements touchant les Pyrénées : on suppose que le nombre des réponses provenant des communes concernées est encore plus faible. Un peu plus loin, on constate que 20 sur 29 des agriculteurs pyrénéens sont contre. Cela n'empêche pas les auteurs du rapport de conclure "Une large adhésion à la décision prise" : le moins qu'on puisse dire est que ce rapport déforme la vérité. La réalité est que, si les Parisiens sont sans doute très contents qu'on réinstalle un nounours dans nos belles montagnes où ils ne vont jamais, les populations locales s'y opposent.

Le simple fait que récemment, trois ours sont morts de mort violente dans cette région rend l'opération douteuse.

On apprend également que le MEDD crée "deux nouveaux postes de techniciens pastoraux" : ceci est également surprenant : ces ours sont incapables de se suffire à eux-mêmes ? Il s'agit là d'un "environnement" tout-à-fait artificiel, où est la démarche environnementale ? Qui paye ces techniciens ?

Le chapitre sur les responsabilités est édifiant : il a visiblement été rédigé par un spécialiste, puisque il est bien malaisé à comprendre ; je pense pouvoir en retenir que, s'il y a mort d'homme consécutivement à la présence de ces ours, il n'y aura pas de responsable - les populations locales apprécieront.

Le Comité Scientifique  souligne [...]  l’importance toute particulière à accorder à l’acceptation sociale de tout projet de réintroduction: apparemment, son avis n'a pas été écouté, et on finit par se demander qui a pris cette décision ? Cela n'apparaît nulle part. La lecture de ce rapport génère une certaine frustration. On a l'impression que l'introduction de ces ours a fait l'objet d'une décision que personne n'ose remettre en question ; qu'elle ne s'appuie sur aucune justification scientifique ou environnementale ; qu'elle se heurte au mécontentement d'une partie importante des populations locales ; qu'elle est vouée à l'échec.

Il semble enfin que personne n'ait pensé à la vie de ces ours, arrachés à leur pays pour vivre une vie solitaire terminée par une mort violente.

Il serait temps que nous abandonnions les opérations spectaculaires pour aborder les opérations utiles et économiquement auto-suffisantes.

 

20:20 Publié dans Développement durable | Lien permanent | Commentaires (1) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook |

Commentaires

la vie de ces ours, arrachés à leur pays pour vivre une vie solitaire terminée par une mort violente...j'aime bien ce raccourci, qui casse hélas les reherche d'objectivités sur le pourquoi de ces ours en pays interdit et de promeneurs, enfin de bergers et de mères appeurés et près à tuer ces bêtes pour leur survie...on croirait une vision du moyen-âge, avec l'authenticité de rpoies humaines.
A quoi peut-il bien servir de garder ces animaux ? là ? face à des bergers chasseurs et déstabilisant de prédateurs ?
Qu'est-ce ? Nous avons encore des élevages de moutons en France ?
Coment vont s'y prendre ces ours pour se reproduire ? Parce que c'est bine cela: qu'ils viennent vivre en paix dans une région conquise pour la production de viande à patte ? non...je veux dire brebis avec du fromage...non...de laine ! ?
enfin quoi, c'est comme lacher un lion à côté du village !
Soit la région est réputée sans loup et on peut se balader comme dans les prés , en regardant les oiseaux...
Ou bien nous allons devoir nous armer d'au moins un fusil pour être sûrs de pouvoir dormir dans la forêt...
Mais à quoi bon conserver des animaux qui peuvent-être dangereux pour l'homme ?
A part les rats ? non les loups ? les moustiques ?
Pourquoi la nature est-elle si folle pour l'homme ?
Et M Jean est-il un berger solvène qui veut récupérer ses ours ? Parce que l'ours on pourrait le manger aussi , non ?

Écrit par : Ark | 29/04/2006

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